L’Internet mondial peut-il survivre sans les câbles sous-marins ?
Entretien de François Meylan pour Romandie Info
Pouvez-vous expliquer brièvement ce que sont les câbles sous-marins et leur rôle dans le fonctionnement d’Internet ?
Il y en a plusieurs. Souhaitons-nous totalement exclure tout investissement dans cette industrie comme le fait, entre autres, l’institution de prévoyance zurichoise Nest ? Dans ce cas, vous écartez les deux avionneurs Boeing et Airbus dont plus de 50% de leurs activités se situent dans l’armement. Ou alors vous ne recherchez pas spécifiquement à investir dans le secteur qui nous occupe et vous n’appliquez aucun critère d’exclusion. C’est l’indifférence. Ou encore vous voulez vous constituer un portefeuille d’investissement avec un fort biais dédié à cette industrie. Finalement, vous pouvez aussi adopter la posture de notre Conseil fédéral qui encourage cette industrie mais avec des restrictions telles ne pas exporter du matériel de guerre vers un pays présentement en conflit.
Quelle proportion du trafic mondial d’Internet passe par ces câbles par rapport aux satellites ?
On estime qu’environ 98 % de l’ensemble du trafic Internet intercontinental passe par des câbles sous-marins. Toutefois, l’Internet par satellite n’est qu’au début d’un développement exponentiel. Déjà, pour assurer la connectivité en cas de problème avec les câbles sous-marins et ensuite pour couvrir des zones qui sont difficiles d’accès.
Depuis quand utilise-t-on les câbles sous-marins pour les télécommunications ?
Le premier câble transatlantique est posé en août 1858 entreValentia (Irlande) et Trinity Bay (Terre-Neuve), par deux navires militaires reconvertis en câbliers. Au total, 4 200 km de câble sont alors posés.
Comment ont évolué les technologies utilisées dans ces câbles depuis leurs débuts ?
Pour résumer, on est passé du cuivre à des câbles à fibres optiques qui sont construits par enroulement en spirales et traités avec un ou deux revêtements et renforcés de fil d’acier pour son armure.
Comment sont fabriqués et installés les câbles sous-marins ?
Le câble optique, composé d’une gaine de protection et d’une armature métallique, est protégé par une gaine isolante. Le tout contient deux paires de fibres optiques. Chaque paire de fibres optiques est activée avec des multiplexeurs.
Quels sont les principaux défis techniques lors de la pose de ces câbles ?
Les câbles sont fragiles. Ils peuvent être endommagés par des phénomènes liés à l’activité humaine mais aussi climatiques. Pour les activités humaines, on entend le mouillage de navires, la pêche ou encore les actions de terrorisme ou de vols de matériaux. Ils doivent faire l’objet d’une importante protection. On garde en mémoire cet accident avec des pêcheurs en Écosse qui a privé de communication quelques 23’000 habitants du Schetland, en octobre 2022. Ou encore ces pêcheurs vietnamiens qui ont délibérément détérioré des câbles sous-marins pour en dérober les matériaux, en 2007. Ce qui a plongé près de 90% du Vietnam sans connectivité durant trois semaines.
Comment assure-t-on la maintenance de ces infrastructures en cas de panne ou de coupure ?
En premier lieu, il s’agit de les protéger contre les agressions extérieures. On emploie deux techniques: 1) L’ensouillage qui consiste à enfouir les câbles dans le fond marin à une profondeur donnée; 2) La protection externe par des roches, des matelas béton, des coquilles ou autres procédés.
Précisons toutefois que les attentats qui ont visé le gazoduc Nord Stream ont été opérés à une profondeur comprise entre -80 et -110 mètres. Le très critique détroit Bab el-Mandeb couvre une profondeur de fonds marins comprise entre -137 et -2900 mètres soit une moyenne de -524 m. Les câbles sous-marins quant à eux sont enfouis le plus profond possible. Ce qui diminue drastiquement la faisabilité d’activités criminelles à l’encontre des câbles, en haute mer.
Quels acteurs (entreprises, gouvernements) dominent aujourd’hui le marché des câbles sous-marins ?
Jusqu’en 2010, les acteurs étaient essentiellement les opérateurs téléphoniques. Aujourd’hui, ce sont plutôt les GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft – qui dominent le marché. Nous dénombrons pas moins de 500 câbles sous-marins à fibre optique. Soit trois fois la distance entre la terre et la lune. Le marché a doublé depuis 2010 et chaque année s’installent 100’000 nouveaux kilomètres de câbles, avec tous les 100 km un répétiteur pour garantir des signaux de qualité.
Là on parle des propriétaires et exploitants mais le leader de l’installation du câble sous-marin est Alcatel Submarine Networks qui a son siège à Saclay, en France, et qui détient environ 40% du marché.
Pourquoi ces câbles représentent-ils un enjeu stratégique dans les relations internationales ?
Dans un mondé interconnecté, on ne peut plus faire sans. Au point, où on double voire on triple les lignes. Et même on diversifie avec l’Internet par satellite. Un marché qui est également en pleine expansion.
Comment les États ou les entreprises protègent-ils ces infrastructures sensibles contre le sabotage ou les cyberattaques ?
Par le biais de patrouilles marines et en particulier par le biais de la surveillance des stations d’atterrissage. C’est-à-dire les endroits où les câbles sortent de l’eau pour poursuivre sur la terre ferme. C’est le point le plus critique et le plus exposé.
Quels sont les risques environnementaux liés à la pose et à l’entretien des câbles sous-marins ?
Bien entendu les câbliers sont des gros bateaux et ils polluent. Mais il y a un impact encore peu connu, selon les scientifiques marins sont les conséquences à long terme des champs électromagnétiques (CEM). Certes les câbles sous-marins peuvent servir d’abri à une grande variété d’espèces marines vivant au fond des mers : anémones, éponges, coraux, étoiles de mer, oursins, vers, bivalves, crabes et autres invertébrés. Mais ils peuvent affecter certaines de ces créatures fragiles, dont beaucoup dépendent de leur propre sens interne du nord magnétique pour naviguer ou utilisent des champs électriques pour les aider à chasser.
Existe-t-il des alternatives viables aux câbles sous-marins pour assurer la connectivité mondiale ?
Oui, la connectivité par satellite. Elle est assurée par un réseau de satellites en orbite terrestre basse, max 500 km d’altitude. Proche de la terre pour avoir un temps de réponse court. Elle permet également de couvrir des zones du globe qui ne sont actuellement pas couvertes. On parle beaucoup de Starlink d’Elon Musk mais Amazon est aussi entré sur ce marché avec son projet Kuiper. Starlink estime le déploiement nécessaire de 12’000 à 30’000 satellites pour atteindre une couverture optimale. Chaque satellite pesant 800 kg et est voué à une durée d’exploitation de 5 ans. Le tout est mis en orbite par le lanceur Fusée Falcon 9.
Les Chinois avec leur programme GW devraient avoir mis 13’000 satellites à l’horizon de 2026. C’est-à-dire demain.
Pour l’heure, les principaux inconvénients de l’internet par satellite sont le temps de réponse, la qualité de transmission moindre par rapport au câble et le prix pour l’usager final.
Comment voyez-vous l’avenir des câbles sous-marins dans un monde de plus en plus connecté ?
Leur nombre augmente régulièrement : ils étaient environ 263 en 2014, puis 378 en 2019 et 406 en 2020. Le câble évite la perte de temps induite par la distance nécessaire pour effectuer une transmission par satellite. Soit 0,24 seconde dans le cas d’un aller-retour vers un satellite géostationnaire. En plus, le développement des pays membres des BRICS ou encore ce qu’on appelle communément le sud global augmente la demande en câbles sous-marins. Ces acteurs à l’influence exponentielle ne vont pas longtemps se reposer l’infrastructure des GAFAM ou encore la pseudo bienveillance occidentale. Ils voudront être indépendants en terme de connectivité.
Quels développements technologiques pourraient améliorer leur performance ou leur sécurité ?
Les câbles à fibre optique sous-marins modernes ont généralement une épaisseur comprise entre 0,8 et 1,2 pouce. Ils sont constitués de plusieurs couches de matériau protecteur, tel que le Kevlar, autour d’un seul noyau de fibre de verre. La couche la plus externe est généralement un revêtement en polyéthylène pour protéger le câble de l’environnement.
Selon vous, quelle est la plus grande idée fausse que le grand public a au sujet des câbles sous-marins et de leur rôle dans Internet ?
La solidité de l’infrastructure. De croire que tout bénéficie d’une fiabilité imparable. Je pense que le divin nous a plutôt épargné jusqu’à présent. Parce qu’en réalité tout est très fragile et les câbles sous-marins, en jargon militaire, peuvent être considérés comme des cibles molles.
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La Suisse et sa neutralité: le peuple pourra voter!
L’initiative populaire fédérale «Sauvegarder la neutralité suisse» a été déposée à la Chancellerie fédérale le 11 avril dernier par le comité d’organisation de la Neutralitätsinitiative.

Avec quelques 129’806 signatures valables, le dépôt du texte qui vise l’adoption d’un nouvel article constitutionnel (l’art. 54a) a pour le moins le mérite d’inviter à un débat aussi nécessaire que pédagogique. En premier lieu, parce que les décisions de notre Conseil fédéral (CF) qui font polémiques ne cessent de se multiplier.
Entre autres, celle de reprendre à sa charge l’ensemble des sanctions prises par la Commission européenne à l’encontre de la Fédération de Russie; celle de poursuivre le commerce des armes avec Israël; celle d’un criant silence face aux agressions répétées contre le territoire souverain du Liban; celle d’organiser le sommet inutile de Bürgenstock ou encore celle de travailler avec PESCO, une structure de l’Union européenne (UE) qui permet aux services de sécurité de l’État ukrainien – le tristement célèbre SBU – de s’entraîner à la cyberguerre sur notre territoire.
Ensuite, sur le plan pédagogique parce que trop souvent le public comme nos médias confondent la neutralité perpétuelle et armée de la Suisse avec la politique de neutralité. Le projet de nouveau texte législatif – proposé il est vrai par un comité teinté aux couleurs de l’UDC – propose de fixer dans le marbre de la Constitution les contours mêmes de l’exercice de la politique de neutralité. Plus précisément et conformément à cette disposition, la Suisse ne pourra adhérer à aucune alliance militaire ou défensive et elle ne pourra coopérer avec une telle alliance uniquement en cas d’attaque militaire directe contre le pays, ou en cas d’actes préparatoires à une telle attaque.
La Suisse ne pourra en outre pas participer aux conflits militaires entre États tiers et ne pourra pas non plus prendre de mesures coercitives non militaires, c’est-à-dire de sanctions, contre un État belligérant. Enfin et comme le rappelle le portail du gouvernement suisse dans son communiqué du 26 juin 2024, la disposition prévoit que notre pays fera usage de sa neutralité pour mettre à disposition ses services en qualité de médiatrice. Les initiants sautent à pieds joints dans la soupe souvent épaisse de l’exercice de la politique de neutralité. On y voit également une volonté de contenir les aspirations de la ministre de la Défense et accessoirement présidente de la Confédération Viola Amherd, qui nous rapproche chaque fois plus de l’OTAN.
Mais qui ou quoi peut motiver la responsable de l’Armée à piétiner l’esprit de la sacro-sainte neutralité helvétique? Pour la politique vaudoise Suzette Sandoz, interviewée sur le plateau d’Antithèse le 20 juin 2023, il apparaît difficile pour nos ministres de résister au narcissisme et au qu’en-dira-t-on des puissants, tels que la Commission européenne et la Maison Blanche. De son côté, l’ancien ambassadeur Georges Martin rappelle que notre pays a aussi un État profond qui rêve que la Suisse soit le 33ème membre de l’OTAN.
L’Organisation de l’Alliance Atlantique Nord, qui, faut-il le rappeler, n’est plus une alliance défensive depuis fort longtemps. Du moins, depuis qu’elle fomente des guerres sans aucune résolution de l’ONU lire à ce propos l’ouvrage de Daniele Ganser ou depuis qu’elle entraîne ouvertement les soldats ukrainiens à faire la guerre à la Fédération de Russie… déjà en 1995 ! (1)(2) Ou plus près de nous avec sa Déclaration du sommet de Madrid, à l’été 2022, dans laquelle elle désigne ouvertement la Chine comme menace existentielle: «Nous nous trouvons face à une compétition systémique de la part d’acteurs, parmi lesquels la République populaire de Chine, qui portent atteinte à nos intérêts, à notre sécurité et à nos valeurs, et qui cherchent à fragiliser l’ordre international fondé sur des règles.»
Qu’en est-il de la genèse de la neutralité helvétique?
Quid de la politique de neutralité ?
C’est l’affirmation de notre neutralité selon les circonstances et les protagonistes du moment. Soit une diplomatie à géométrie variable. Les nombreux exemples qui émanent des deux guerres mondiales sont éloquents: tantôt banquière du III Reich; tantôt sanctuaire des services secrets alliés; tantôt vague de licenciements des employés juifs de la compagnie Swissair; tantôt terre d’asile pour les persécutés du Vieux Continent. En passant par dicter au Comité International de la Croix Rouge (CICR) la ligne à adopter et par la transformation des manufactures horlogères genevoises en usines à munitions pour les nazis. Comme le rappelle Suzette Sandoz, la neutralité est la position la plus difficile à tenir. C’est une posture courageuse et honorable pour l’ex-ambassadeur Georges Martin. C’est surfer sur la crête. C’est une posture d’équilibriste avec, comme priorité absolue, les intérêts de la nation. Elle a préservé les Suisses de la guerre. Mais, elle a aussi rendu de nombreux services aux grands de ce monde.
La démarche de la Neutralitätsinitiative est louable. Amener le débat sur ce qui constitue la pierre angulaire de l’ADN et de la cohésion helvétiques qui a déjà plus de deux siècles, dans un monde qui change.
Cependant, ce n’est pas l’avis du Conseil fédéral qui, dans son message du 26 juin 2024, propose de rejeter l’initiative sur la neutralité sans même lui opposer un contre-projet. Une fois n’est pas coutume, c’est tenter de tuer le débat. Finalement et comme pour les mesures d’exception prises lors de la crise Covid-19, ce sera au peuple de décider par le biais des urnes.
(1) La documentation du Forsvarets Efterretningstjeneste (FE), service de renseignement militaire du Danemark, que le soussigné a visité, à l’été 2023 révèle que l’OTAN préparait les militaires ukrainiens à faire la guerre à la Fédération de Russie depuis 1995 déjà.
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Entretien Sputnik – L’élection présidentielle américaine

Ce mercredi 6 novembre 2024, la chaîne d’information russe Sputnik, nous a sollicité pour commenter, lors d’une entrevue en vidéo conférence entre Morges et Moscou, l’élection présidentielle américaine.
Au cours de l’entrevue, Donald Trump et la chaîne d’information américaine Fox News ont confirmé l’élection du 47ème président des Etats-Unis d’Amérique. Ce qui a orienté le ton des dernières questions. Cet entretien qui traite de sujets économiques, de société et de politique générale vous est résumé et vous offert dans ce document. Toutefois, les opinions exprimées n’engagent que votre serviteur et non Meylan Finance Sàrl.
En vous souhaitant une bonne lecture, nous demeurons à votre pleine disposition.
1. Kamala Harris accuse Trump de vouloir détruire la démocratie, Trump de son côté voit ceux qui s’opposent à lui comme des ennemis. On a rarement vu autant de violence sur la scène politique américaine, avec la tentative d’assassinat contre Trump. Est-ce que les Etats-Unis risquent de plonger dans une guerre civile ?
Vous parlez de la guerre civile. Les Etats-Unis l’ont déjà connue. Aujourd’hui, on en est à la fois encore éloignés et plus proches que jamais. La ville de Washington s’est barricadée. Le risque même s’il est infime aurait des conséquences désastreuses. C’est pour ça qu’il ne peut être ignoré par les autorités. Quant à la violence que vous évoquez elle est propre à notre époque brutale, consumériste et déshumanisante.
2. En 2016, les médias étaient complètement passés à côté de la vague en faveur de Trump, cette année les médias ont plutôt pris leurs précautions mais ont continué de prendre position massivement en faveur de Harris. Les médias font-ils les élections ou au contraire sont-ils devenus un repoussoir ?
Nos médias mainstream et ce n’est pas nouveau décident à notre place ce que l’on doit penser. Ils ne respectent plus la charte de déontologie du journaliste de Münich de 1971 qui prescrit comme premier devoir la recherche de la vérité quel qu’en soit le prix. Parce que le public a le droit de la connaître pour exercer la démocratie. Aujourd’hui, on en est loin et c’est un réel indicateur de la bonne santé ou pas de notre démocratie. Ils sont devenus communicants voire propagandistes quand ils sont payés d’une manière ou d’une autre quand ils diffusent leurs fausses nouvelles.
3. Déjà en 2016, Trump avait été affublé de l’étiquette de populiste, il avait rallié à sa candidature une partie des classes populaires délaissées par la désindustrialisation. Est-ce que Trump est vraiment le candidat du peuple ? Est-ce que les classes populaires ont vraiment vu leurs conditions s’améliorer lors de sa présidence ?
Hors effets de la pandémie Covid-19, le chômage, avec Trump, a atteint son plus bas niveau historique à 3.5%. Il a baissé les impôts, comme promis. Il a également augmenté les investissements dans certains secteurs. Il a stimulé les profits des entreprises. Il est parvenu à faire revenir aux Etats-Unis des entreprises et des lignes de production. Tout le monde en a profité.
4. Lorsque Donald Trump a été président de 2016 à 2020, beaucoup de contrepoids institutionnels ont limité son action, par exemple avec la majorité des juges de la Cour suprême du côté des démocrates. La situation a radicalement changé à la Cour suprême, Trump élu président en 2024 aura-t-il une marge de manœuvre beaucoup plus grande qu’auparavant ?
La Cour suprême va pencher de son côté. Trois des neufs juges encore en fonction ont été nommés par Donald Trump lui-même. Je me méfie plus de l’Etat profond et crains que la ou les tentatives d’assassinat qui ont visé le candidat républicain n’augurent rien de bon pour la longévité de Monsieur Trump.
5. C’est la première fois qu’un président sortant ne se représente pas, que doit-on retenir de la présidence de Joe Biden ?
Avec les déboires judiciaires de son fils aîné Hunter qui fut longtemps protégé par l’Etat profond et son propre état de santé, l’exploit est qu’il ait terminé son mandat. Ce qui est difficilement compréhensible est que la Vice-présidente Kamala Harris n’ait pas été d’avantage préparée pour prendre la relève.
6. L’élection présidentielle américaine est toujours très compliquée avec des grands électeurs choisis dans chaque Etat, avec les fameux « swing States »*, de telle sorte que la majorité absolue des électeurs est indispensable pour se faire élire. Est-ce que les Etats-Unis sont véritablement un exemple de démocratie lorsque l’on voit que la présidence américaine peut basculer pour quelques voix dans une poignée d’Etats pivots qui sont souvent les mêmes à chaque élection ?
La notion de démocratie est très occidentale. Encore faut-il savoir de quelle démocratie parle-t-on ? En France, Emmanuel Macron a été élu « grâce » à l’épouvantail du « Rassemblement national » avec seulement 38.52% des électeurs inscrits. Et son gouvernement décide à coups de décrets de l’article 49.3 et s’assied sur les votes de l’Assemblée nationale. Est-ce encore une démocratie ? Singapour qui est une dictature dite éclairée connaît une prospérité et une sécurité pour ses citoyens d’un tout autre standing… n’est-ce pas mieux ? L’interprétation de la démocratie jouit d’un très large spectre. Oui les Etats-Unis demeurent un modèle en matière de démocratie.
*L’élection présidentielle américaine est un scrutin indirect : aux urnes, les électeurs désignent les 538 grands électeurs qui eux, voteront ensuite pour élire le prochain dirigeant.
Une victoire se traduit donc par les voix de 270 grands électeurs. Pour rappel, chaque Etat dispose d’un nombre de grands électeurs différents, correspondant au nombre de représentants au Congrès : le Wyoming, par exemple, cumule trois votes malgré ses plus de 560.000 habitants.
Dans 48 des 50 Etats s’applique la règle du « winner takes all », permettant à la liste arrivée en tête de chaque Etat de rafler toutes les voix des grands électeurs. Les seuls Etats dérogeant à cette règle, où les grands électeurs sont répartis proportionnellement, le Maine et le Nebraska, accumulent neuf votes.
Pour les « swing States », le Nevada représente 6 votes, le Wisconsin 10 votes, l’Arizona 11 votes, le Michigan 15 votes, la Géorgie et la Caroline du Nord 16 votes chacun et enfin, la Pennsylvanie regroupe 19 votes. Au total, ils permettent donc de récolter 93 votes.
7. A chaque élection, on parle aussi du problème des votes par correspondance. Cette année, Elon Musk a aussi pointé du doigt le fait que plusieurs Etats autorisent à voter sans la moindre pièce d’identité. Est-ce que l’élection américaine est transparente et honnête ?
Le vote par correspondance n’est pas le problème mais plutôt la solution. Ce fut le cas, du moins, pour la Suisse qui l’a introduit à la fin des années 1970 et avec succès pour tenter de booster la faible participation d’alors. Le vote par correspondance est ancré dans la loi suisse depuis 1994 et aujourd’hui on estime que près de 90% des suffrages s’expriment ainsi et sans présentation de pièce d’identité. C’est rarement le système le problème mais plutôt ceux qui l’utilisent. Il est question de confiance, de discipline et d’éducation.
8. Traditionnellement, les Américains accordent plus d’attention aux problèmes économiques et intérieurs, et moins aux questions de politique étrangère. Quelles difficultés économiques polarisent aujourd’hui les Américains ?
C’est difficile de trouver à redire sur l’économie la plus dynamique du monde. En plus du défi de contenir l’inflation, c’est veiller à un atterrissage en douceur de Wall Street qui bat tous les records en enrichissants toujours les mêmes alors que les autres places boursières du monde sont restées bien en retrait. Et comme le dit l’adage « Quand Wall Street éternue les autres s’enrhument. » Plus localement, je pense aux déboires à répétitions de la firme Boeing qui est un vaisseau amiral de l’économique américaine et des milliers d’emplois menacés. C’est une priorité. Soutenir ce fleuron qui ne peut sombrer, pour des raisons stratégiques et de savoir-faire. Mais à l’échelle du pays c’est anecdotique.
9. Le trumpisme est synonyme de guerre économique, surtout contre la Chine. Avec les problèmes de dette publique, Donald Trump voudrait imposer 10% de droits de douanes sur toutes les importations, et bien plus contre la Chine. Au-delà de la guerre économique, assiste-t-on à un retour en force du protectionnisme ? Et même plus largement est-ce qu’on se dirige vers une démondialisation ?
Un peu de protectionnisme n’est pas un mal. Tout est question de dosage. Par exemple, ni la Suisse ni l’Union européenne n’ont su protéger l’industrie photovoltaïque qui est pourtant stratégique – on parle d’une énergie renouvelable majeure – et aujourd’hui nous subissons une cascade de faillites et on perd la maîtrise et le savoir-faire de cette industrie d’avenir. Quant à la mondialisation, elle s’essouffle mais nous n’allons pas reculer sur ce plan. Les consommateurs sont trop habitués à ce paradigme.
10. Puisque nous parlons de la guerre économique de Washington contre Pékin, qui va gagner cette guerre ? La plupart des pays du monde ont la Chine comme premier partenaire commercial et la Chine s’oriente de plus en plus vers son marché intérieur.
La Chine a progressivement pris la tête, devenant aujourd’hui le leader mondial dans de nombreuses technologies dites essentielles. Un rapport récent de l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI) met en lumière ce changement important, montrant que la Chine est désormais en tête dans environ 90% des technologies clés, dépassant de manière significative les Etats-Unis. Ce renversement des positions entre les deux géants mondiaux a des implications importantes pour l’avenir de l’innovation, de la sécurité et de l’économie en général. L’ASPI met en garde contre le risque de monopole chinois dans 10 nouvelles technologies, en particulier celles à applications militaires, telles que les moteurs d’avions avancés, les drones, les robots collaboratifs et les systèmes de positionnement et de navigation par satellite.
11. Le sujet principal de toutes les campagnes présidentielles de Trump a toujours été l’immigration. En 2016, il voulait construire un mur, cette année il promet la plus grande expulsion de clandestins de l’histoire des Etats-Unis. Les Américains ont-ils raison de s’inquiéter de l’immigration et la politique de Trump a-t-elle vraiment fait ses preuves ?
Les années 2021, 2022 et 2023 ont battu tous les records d’entrées illégales soit un total de 7,9 millions. Le record mensuel historique est celui de décembre dernier avec 302’000 entrées illégales. Les conséquences sont le dumping salarial et l’insécurité. A contrario, l’immigration légale contribue positivement au niveau de vie moyen et à la croissance économique.
12. Kamala Harris a elle-même promis de durcir la politique migratoire, est-ce que le sujet est en train de faire consensus ?
Le sujet fait consensus.
13. On l’a dit, la politique étrangère intéresse moins les électeurs américains, pourtant la guerre entre Israël et les Palestiniens et le Liban a divisé le parti démocrate sur l’approche de la Maison-Blanche sur la guerre, que l’administration américaine n’exerce pas suffisamment de pression sur les dirigeants israéliens. Pourquoi la question israélo-palestinienne s’est-elle finalement invitée dans le débat ?
Il est difficile de ne pas se questionner face aux carnages que provoque Tsahal – l’armée israélienne – sur les populations civiles de Gaza et du Sud Liban. Les chiens ont été lâchés et Tsahal tue pour tuer en balayant d’un revers de main toute notion de proportionnalité et de priorité à l’innocent. Ce qui heurte globalement l’inteligencia nord-américaine. Dans le même temps, l’Etat profond soutient sans réserve le bellicisme actuel des autorités israéliennes puisque qu’elles diminuent drastiquement le pouvoir de nuisance du Hezbollah qui est un ennemi commun et surtout frappent en Iran les fabriques de missiles, de munitions et de drones. Autant de matériel qui ne pourra pas être livré à la Fédération de Russie contre l’Ukraine et l’OTAN.
14. Un autre point de crispation concerne le soutien à l’Ukraine contre la Russie, les Etats-Unis ont accordé des montants faramineux à Kiev. La présidentielle américaine a été scrutée de très près car certains observateurs estiment que l’élection de Trump signe la fin de l’aide à l’Ukraine. Est-ce que cette échéance électorale peut vraiment être un tournant pour le conflit ukrainien ?
On se rappelle le premier mandat de Donald Trump au cours duquel il a souhaité faire revenir les militaires américains et se désengager un maximum des conflits. On pense en particulier à l’Afghanistan. De surcroît, il a déclaré récemment que les Etats-Unis n’avaient semé que le chaos et la mort avec leurs engagements militaires à l’extérieur. Ce qui comprend également les guerres illégales de l’OTAN. Lire sur ce sujet « Les guerres illégales de l’OTAN » de Daniele Ganser. Donc oui si Donald Trump est élu la fin du conflit en Ukraine sera proche. En l’état actuel du champ de bataille, cela se fera à l’avantage de la Fédération de Russie.
15. Est-ce que l’élection présidentielle change vraiment quelque chose pour la politique américaine ? On parle souvent de l’influence de l’Etat profond, du fédéralisme qui laisse une grande marge de manœuvre aux Etats, etc.
Il existe le risque de la recherche d’une concentration du pouvoir dans les mains de Donald Trump et de son entourage. On ne peut le nier. C’est deux Amériques qui s’affrontent. L’Etat profond et les autres… c’est-à-dire NOUS !
Qu’est-ce que l’Etat profond ? C’est la haute finance couplée aux intérêts pétroliers et le tout stimulant le complexe militaro industriel et la création de conflits de part le monde : le printemps arabe ; les révolutions colorées ; la création de monstres comme Daesh; la désintégration des Etats nations et le capitalisme sauvage sous couvert de wokisme et de féminisme dogmatique. C’est le choc de deux mondes dont on connaît déjà les dégâts provoqués par le premier et dont on ne connaît pas encore les conséquences de l’autre. Même si on les craint déjà. Je recommande la lecture de l’ouvrage de Jean-Maxime Corneille « L’Etat profond et la guerre civile fabriquée. »
16. Donald Trump vient de revendiquer la victoire à la présidentielle américaine. Il va vers une victoire encore plus large que celle qu’il avait obtenue en 2016. Le camp démocrate pensait qu’il faudrait plusieurs jours pour comprendre qui est le vainqueur. D’après vous, est-ce que nous venons d’assister à une vague rouge républicaine ? Est-ce un résultat prévisible, d’après vous ?
C’est l’expression d’une Amérique qui a de vrais problèmes au quotidien et qui est révoltée d’être prise de haut par une pseudo élite qui a les médias mainstream et la censure des Facebook, Youtube et autres à sa botte. Quant à la prévision du résultat de l’élection, la campagne creuse et en paillettes de Kamala Harris n’augurait rien de bon pour le camp démocrate. Par ailleurs, la plateforme de paris financiers en ligne Polymarket annonçait une victoire très net pour Trump déjà à partir du 18 septembre dernier.
17. La semaine dernière le Sud global s’est réuni à travers les BRICS à Kazan, l’Afrique sera au cœur de la présidence brésilienne des BRICS en 2025. Que doivent attendre l’Afrique et le Sud global de l’élection de Donald Trump ?
Qu’il n’y aura plus d’ingérence ni de fomentation de ces fameuses révolutions colorées. Parler d’égal à égal, dans le respect mutuel et sans se donner en spectacle comme l’a fait, par exemple, trop souvent Emmanuel Macron.
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Site « Entrepreneur romand » : Interview Meylan Finance
Dans cette interview, François Meylan offre un éclairage inédit sur l’investissement dans l’industrie de la défense, un secteur en pleine expansion mais rempli de défis éthiques. Il évoque les choix stratégiques, allant de l’exclusion totale à l’intégration ciblée, tout en soulignant l’importance croissante de l’intelligence artificielle et des technologies avancées. Malgré les controverses éthiques et les risques de réputation, François met en avant le potentiel de croissance, notamment dans des périodes de tensions géopolitiques accrues, comme en Ukraine et au Moyen-Orient. Un domaine prometteur mais complexe à naviguer.
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Investir dans l’industrie de la défense : opportunité financière ou dilemme moral ?
Entretien de François Meylan pour Romandie Info
Quels sont les critères à considérer lors de l’investissement dans l’industrie de la défense ?
Il y en a plusieurs. Souhaitons-nous totalement exclure tout investissement dans cette industrie comme le fait, entre autres, l’institution de prévoyance zurichoise Nest ? Dans ce cas, vous écartez les deux avionneurs Boeing et Airbus dont plus de 50% de leurs activités se situent dans l’armement. Ou alors vous ne recherchez pas spécifiquement à investir dans le secteur qui nous occupe et vous n’appliquez aucun critère d’exclusion. C’est l’indifférence. Ou encore vous voulez vous constituer un portefeuille d’investissement avec un fort biais dédié à cette industrie. Finalement, vous pouvez aussi adopter la posture de notre Conseil fédéral qui encourage cette industrie mais avec des restrictions telles ne pas exporter du matériel de guerre vers un pays présentement en conflit.
Comment l’industrie de la défense se compare-t-elle en termes de performance financière par rapport à d’autres secteurs ?
En bourse, il y a deux facteurs à considérer, en plus des agrégats habituels que sont l’évolution conjoncturelle et l’évolution des taux d’intérêts. La qualité de la société et l’attrait de son secteur. Plus ce dernier a le vent en poupe plus il va capter des capitaux. Un exemplaire dans la cyber sécurité est le suisse Kudelski qui est une réelle déception par sa profitabilité très en-dessous de son secteur qui pourtant draine beaucoup de capitaux. Alors le secteur de l’industrie de la défense a au moins cet attrait : il va attirer beaucoup de liquidités. Ensuite, les succès seront divers. Les États-Unis absorbent à eux-seuls 38% de toutes les dépenses mondiales en matière de défense. Loin derrière on trouve la Chine avec 14%. Imaginez que la Chine souhaite combler son retard … Certains experts parlent de 15 ans. Personnellement, je pense que cela sera avant. Cet armement de la Chine panique tous les voisins du sud asiatique qui eux arment à leur tour. Quant à l’Union européenne dont les membres dépensent en moyenne pas même 1.8% du PIB pour se défendre contre près de 4% pour les États-Unis le rattrapage est phénoménal. Sans parler des nouveautés impératives telles que la nécessité d’élaborer des systèmes de protection anti-missiles et même anti-frappe nucléaire. Il y a deux principales raisons qui encouragent un État à s’armer: 1) se sentir menacé par un voisin; 2) vouloir gagner son indépendance militaire. À cela, il faut malheureusement ajouter les conflits qui sont provoqués et instrumentalisés par quelques multinationales elles-mêmes animées par des intérêts particuliers (1). Rappelons-nous le cas de la guerre illégale d’Irak en 2003 qui servait avant toute chose les intérêts économiques de l’entourage du clan Busch. On conclusion : ce secteur est prometteur sur le plan boursier.
Quelles stratégies recommandez-vous pour intégrer l’industrie de la défense dans un portefeuille d’investissement ?
L’arrivée en force de l’Intelligence artificielle (IA) bouleverse la donne en la matière. En effet, des sociétés telles que les américaines Palantir, C3.IA, Inc. ou la plate-forme norvégienne Opera vont devenir incontournables en matière d’IA et une partie importante de leurs clients sont issus de l’industrie de la Défense. Ensuite, vous avez les fabricants de drones civils qui sont très rapidement convertis à usage militaire. Et comment ne pas encourager Airbus avec son A320neo qui est 15 à 20 % plus efficace au niveau de la consommation du carburant que la première famille d’A320 ? De plus, il affiche des réductions de ses émissions de CO2 du même ordre et d’environ 50 % pour celles d’oxydes d’azote. Pourtant, Airbus c’est aussi des hélicoptères à usage militaire, des missiles balistiques intercontinentaux et un système de positionnement par satellites du nom de Galileo.
Étant moi-même un ancien officier supérieur de renseignement dirigeant au sein des Forces aériennes suisses je me rappelle que l’un de nos systèmes de conduite informatique était délivré par Siemens. La firme allemande nous permettait d’assurer le fonctionnement d’une base aérienne avec plus de 1700 militaires et assurant quotidiennement des missions de police du ciel et de transport aérien. Le grand public connaît Siemens pour l’électroménager et les Natels mais pas pour son pan militaire. Et va-t-on bannir l’entreprise américaine Motorola Solutions parce qu’elle est leader dans la radiomessagerie ou téléavertissement (les fameux pagers) parce le Hezbollah les utilisent alors que des millions de sapeurs-pompiers et de médecins dans le monde utilisent ces moyens d’alerte ?
Humaniste convaincu, je n’implémenterai pas spécifiquement de titres de l’industrie de la Défense – sauf demande expresse du client – mais je ne bouderai pas les entreprises innovantes même si elles ont une activité significative en lien avec l’industrie sous revue.
Comment évaluez-vous l’impact des controverses éthiques sur la valeur des investissements dans l’industrie de la défense ?
C’est la pierre d’achoppement. En terme de durabilité (écologie) cette industrie n’est pas connue pour son exemplarité. L’autre problème est la corruption et les pots de vin qui l’entourent. Bien que selon les Nations unies (ONU) l’industrie pharmaceutique est la plus corruptrice, celle de la Défense doit probablement lui emboîter le pas.
Par contre, sur le plan éthique on constate des changements de perception : avec le droit légitime et universellement reconnu par l’ONU de se défendre et avec le concept de la dissuasion. On effet, on conçoit que plus un pays est bien armé plus il génère un effet de dissuasion et ainsi évite un conflit armé qui sera par essence meurtrier. Cette notion est encore à étudier davantage pour pouvoir l’extrapoler. Rappelons tout-de-même l’adage en latin « Si vis pacem, para bellum » soit « Si tu veux la paix, prépare la guerre » qu’on attribue traditionnellement à l’écrivain militaire romain Végèce, IV – V ème siècle de l’ère chrétienne.
Quelle est votre approche pour équilibrer les considérations éthiques et les objectifs de rendement dans l’investissement en défense ?
L’usage civil de l’innovation quelqu’elle soit doit être prioritaire. Ensuite, on ne peut éviter qu’une bonne idée; un bon produit ou un service performant soient récupérés à des fins militaires. Le dialogue et l’accompagnement dans le processus de prise de décision à l’investissement sont essentiels.
Comment l’évolution géopolitique influence-t-elle les perspectives d’investissement dans l’industrie de la défense ?
Les exportations de matériel de guerre suisse ont atteint un montant record l’an dernier selon le Secrétariat d’État à l’économie (SECO). Près d’un milliards de francs de matériel de guerre. Ce n’est pas anodin pour un « petit » pays comme le nôtre. Au total, la Suisse a exporté vers 60 pays et le Qatar fut notre principal client absorbant à lui-seul près de 20 % de nos exportations. Ensuite, on trouve, dans l’ordre, le Danemark, l’Allemagne, l’Arabie saoudite et les États-Unis. Le pays des banques, des montres et du chocolat exporte de tout : véhicules bondés (un quart des ventes) mais aussi des munitions et composants pour munitions; des armes de tous calibres; du matériel de conduite de tir; des armes de petit calibre et finalement des composants pour avions de combat. « Des sociétés suisses telles que Lem peut en profiter. Elle produit des systèmes qui mesurent le courant électrique avec une grande précision. Huber & Suhner est partiellement active dans la défense à travers des produits dont l’emploi est destiné à l’aviation non seulement commerciale mais aussi militaire.
L’idée même pour une entreprise de faire partie d’un système de défense a beaucoup changé. Le changement de perception est systémique. Pour éviter une guerre, un effort de dissuasion est indispensable. Ce qui était inacceptable avant la guerre en Ukraine ne l’est plus aujourd’hui. » (2)
En Europe, le secteur s’est réveillé, à l’image de Rheinmetall. Les usines de l’allemand tournent à plein régime depuis le déclenchement de la guerre conventionnelle entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.
De quelle manière les réglementations affectent-elles les investissements dans le secteur de l’armement ?
En vertu du principe de l’égalité de traitement inscrit dans le droit de la neutralité, Berne ne peut autoriser la transmission de matériel de guerre à un État en guerre.
De surcroît, la Suisse est signataire du Traité des Nations unies sur le Commerce des Armes (TCA) qui est un traité multilatéral qui réglemente le commerce international des armes : le commerce d’armes avec un pays en guerre est interdit si ces armes pourraient être utilisées dans le cadre d’une violation grave du droit humanitaire international ou d’actes graves de violence contre les femmes et les enfants. Ce qui ne nous empêche pas d’entretenir une étroite collaboration avec le fabricant israélien Elbit à qui nous avons commandé six drones de combat de dernière génération.
Quels sont les risques spécifiques liés à l’investissement dans l’industrie de la défense ?
C’est principalement le risque de réputation pour l’entreprise et la défiance des marchés financiers à laquelle elle s’expose, le cas échéant. En cas d’un scandale spécifiquement en lien avec un pot de vin ou une affaire de corruption.
Comment l’opinion publique sur les questions éthiques affecte-t-elle les décisions d’investissement dans ce secteur ?
Jusqu’à maintenant, l’exclusion de toute entreprise active dans l’industrie de la Défense relevait plus de l’utopie et du marketing. La forte détérioration des conditions d’existence tant à l’Est de l’Oural qu’au Proche-Orient et au Moyen-Orient change la sensibilité de l’opinion publique. Nous changeons de paradigme. Nous passons du fait d’exclure à celui d’expliquer. C’est plutôt réjouissant. Tout dépassement de dogme quelqu’il soit est une fenêtre qui s’ouvre sur la connaissance.
Quelles sont les tendances futures prévues pour l’industrie de la défense et leur impact potentiel sur les investisseurs ?
Récemment j’ai été en Israël et le coût de la guerre contre le Hamas leur avait déjà coûté plus de 60 milliards de dollars. Et le front sur le Sud Liban n’était pas encore ouvert. Ce sont des conflits extrêmement coûteux parce qu’ils sont de très hautes intensités technologiques. Chaque fois que l’État hébreux active son bouclier antimissile baptisé « Dôme de fer » ce sont des milliards de dollars qui sont brûlés. Et du côté de l’Ukraine et de la Russie c’est la haute intensité de la guerre conventionnelle qui est revenue sur le vieux continent. Avec une consommation d’obus stratosphériques au point d’aller se ravitailler auprès de la Corée du Nord d’une part et vider les réserves des membres de l’OTAN d’autre part. Avec l’apparition du drone kamikaze sur le champ de bataille… Tant le renouvellement des stocks que leur modernisation au pas de charge offrent un potentiel de croissance et de profits pour les investisseurs dans cette industrie intact ! Quand on sait le prix que l’on met dans une bombe et le nombre de nos congénères qui souffrent de sous-alimentation c’est plus que révoltant ! Redécouvrons la sublime chanson de Michel Sardou « Vladimir Ilitch », 1983. Tout était dit ! Je suis allé plusieurs fois visiter les camps nazis d’Auschwitz et de Birkenau en Pologne. Ils furent libérés en janvier 1945 par l’Armée rouge (les soviétiques). Combien de progrès accomplis dans toutes les sphères de l’activité humaine depuis cette période ? Pourtant, l’homme n’a pas changé. Sous le verni, on retrouve la bête.
Notes
(1) « Comment vendre la guerre ? Le complexe militaro-intellectuel »
Pierre Conesa, ancien haut-fonctionnaire au ministère de la Défense, et auteur de nombreux ouvrages dont « Vendre la guerre » ou encore « La fabrication de l’ennemi. »;
(2) Marc Possa, gérant, est associé de la société de conseil financier W Vermögensverwaltung, interviewé le 7 juin dernier par le journaliste Emmanuel Garessus pour Allnews.
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Et la cérémonie d’ouverture ?
La cérémonie d’ouverture qui devait célébrer l’excellence et le dépassement de soi a coûté la bagatelle de 202 millions d’euros et comptait sur une audience mondiale d’un milliard de téléspectateurs. Dommage qu’à ce prix elle fut prise en otage par l’agenda wokiste…

Quant aux principales recettes elles proviennent pour moitié des droits télévisés ; 25% du sponsoring et 25% de la vente des produits dérivés. Sur ce volet, une partie du bénéfice revient au CIO. En cas de pertes, celles-ci sont entièrement attribuées à la ville organisatrice. Finissons avec le coût des médailles : la médaille or (plaquée or) revient à 800 euros ; la médaille en argent (argent et cuivre) revient à 350 euros et la médaille de bronze (entièrement en cuivre) revient à 15 euros.
Un budget de 100 millions d’euros est dédié pour récompenser les athlètes. Ce qui est somme toute peu pour les protagonistes valeureux de la fête sur un coût total qui dépassera aisément 12 milliards d’euros ! Ce qu’il faut encore savoir est que le CIO comprend plus de 200 membres (Palestine comprise). Cette ONG est ainsi plus représentative que l’ONU et ses 195 membres.
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Les jeux financent les jeux !
Parfois et tout comme le média américain NTD, par le biais de son bureau à Paris, le russe Sputnik nous demande notre analyse sur certaines thématiques. Des câbles sous-marins aux agences de notation financière en passant par l’Internet par satellite, cette-fois-ci nous avons été consultés sur le financement des jeux olympiques en général.

C’est avec plaisir que nous partageons ce que nous avons appris en préparant cette entrevue qui a duré une heure et qui s’est faite naturellement à distance. En préambule, il faut savoir que le média d’information Sputnik comme son compatriote Russia Today (R+T) est censuré en Occident ne diffuse que par le biais du canal « Telegram ».
Pour commencer, l’affirmation « Les jeux financent les jeux ! » est fausse. Elle a pourtant été « copieusement » martelée aux Parisiens par les organisateurs.
Une étude d’Oxford University faite sur 50 ans démontre qu’aucune méga manifestation style jeux olympiques ; exposition universelle etc ne s’est autofinancée. Les villes organisatrices ont toujours du résorber des déficits importants.
Quelques exemples de Jeux olympiques déficitaires :
Ville organisatrice | Dépassement budgétaire |
Barcelone 1992 | 5 milliards d’euros |
Sydney 2000 | 2 milliards d’euros |
Athènes 2004 | 5 milliards d’euros |
Pékin 2008 | Budget 2,5 M coût final 30 milliards d’euros |
Londres 2012 | 6 milliards d’euros |
Rio de Janeiro 2016 | 4 milliards d’euros |
Tokyo 2021 | 7 milliards d’euros |
Ce qui en fait l’outil promotionnel le plus cher de l’histoire. Autre allégation qui n’est pas exacte : « Paris a eu de la chance de décrocher l’organisation des Jeux » dixit Anne Hidalgo, la maire de Paris. Quand la Ville lumière a présenté son dossier de candidature en 2016 elle était seule en lice.

Les candidatures concurrentes Rome, Boston et Hambourg avaient été retirées l’année précédente sous la pression du mécontentement des populations respectives. Pour ce motif, le dossier parisien contenait une clause exigée par le Comité olympique international (CIO) : qu’en aucun cas, la population ne pouvait être consultée. (1)
Lors du déroulement des jeux, la Cour des comptes n’était toujours pas en mesure de chiffrer le coût pour le contribuable. Selon son Premier président, Pierre Moscovici, une facture additionnelle de trois milliards d’euros est à prévoir, Le budget initial étant déjà passé de 7 à 9 milliards d’euros en huit ans, à cause de l’inflation, selon les organisateurs.
- Source : « Paris 2024 – Une ville face à la violence olympique. », Jade Lindgaard.
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Positionnement – août 2024
Lettre d’information de Meylan Finance Sàrl
Chers Clients, Chers Partenaires,
Avec ce « Positionnement » nous allons revenir sur les turbulances boursières de ce début du mois d’août. Sur les enseignements et sur la posture à adopter ces prochaines semaines.
La deuxième partie est dédiée à l’entretien que nous avons eu avec le média russophone « Sputnik » sur le financement des Jeux olympiques.
Les séances du vendredi 2 et du lundi 5 août, les principaux marchés boursiers occidentaux ont été sujets à des instants de panique avec des baisses allant jusqu’à – 6%, dans une seule séance.
Toutefois et contrairement à l’alarmisme coutumier des médias, on ne peut évoquer la survenance d’un krach. Il est communément admis qu’un krach est une baisse d’au moins 20% au cours d’une seule séance. Ce qui fut le cas, entre autres, en octobre 1929, en octobre 1987 et en mars 2020 (Covid-19).

Suite à la montée des taux d’intérêts de la part de la Banque du Japon (BoJ), les spéculateurs qui empruntent massivement en Yen, à des taux très bon marché – pour ensuite placer sur d’autres marchés ont du subitement dénouer leurs positions. Ce qui a fait baisser le principal indice boursier de Tokyo l’indice Nikkei 225. Ce dernier venait de tutoyer ses plus hauts historiques, après plus de trente ans de disette !
Comme quoi l’investissement boursier peut être une question de long terme. L’effet contagion n’a pas manqué. Sans effet durable. L’ensemble des principaux cours boursiers étant revenus à leurs niveaux de la fin du printemps. La bonne nouvelle venant essentiellement des Etats-Unis avec des demandes hebdomadaires d’allocations chômage en baisse.
Ce qui reflète la bonne santé de l’économie nord-américaine (1).
Néanmoins, nous prenons ce stress des places boursières pour un avertissement. Nous sommes entrés dans une période de haute volatilité qui va se dérouler jusqu’à l’élection du nouveau locataire de la Maison Blanche, en novembre prochain.
Nous sommes d’avis que l’exercice en cours sera globalement bon et que nous devrions le clôturer en décembre avec les performances atteintes ce printemps. Nous renouvellerons les échéances, tout en demeurant prudents jusqu’à novembre. Pour l’heure, les marchés ont accumulé beaucoup de basses énergies (la dissolution de l’Assemblée nationale en France ; la tentative d’assassinat de Donald Trump – pour autant qu’il s’agisse bien de cela ; les bruits de bottes qui s’intensifient au Moyen-Orient – même si un conflit ouvert entre l’Iran et Israël est peu probable. Le descendant de l’Empire perse étant en prise avec une grave crise économique et sociale et n’a pas les moyens de soutenir une telle guerre. Et finalement l’Allemagne qui est entrée en récession. La France étant au plus mal avec ses finances publiques. C’est l’Italie qui est sur le point de devenir la principale locomotive économique de l’Union européenne. Qui l’eut cru ?
Un autre risque qui ne nous a pas échappé est la survenance d’un séisme de forte intensité au Japon !
L’impact pour les marchés boursiers a été immédiat. Les investisseurs nippons ayant un poids important sur les marchés mondiaux retirent automatiquement leurs fonds pour les rapatrier. Nous demeurons donc attentifs et prudents.
- Source : BCV Matinale Express Marchés
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Meylan Finance autorisé par la FINMA
Nous sommes heureux de vous informer que Meylan Finance, en tant que gérant de fortune indépendant, a reçu l’autorisation de la FINMA (Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers) pour exercer ses activités.

Cette autorisation atteste de notre engagement envers les normes les plus strictes en matière de réglementation financière et de protection des investisseurs. Nous sommes fiers de cette reconnaissance de notre professionnalisme et de notre intégrité dans la gestion de fortune.
En tant que gérant de fortune indépendant agréé par la FINMA, nous nous engageons à servir au mieux les intérêts de nos clients en leur offrant des services de gestion de fortune personnalisés, adaptés à leurs besoins et à leurs objectifs financiers.
Pour toute information complémentaire sur notre agrément auprès de la FINMA ou sur nos services de gestion de fortune, n’hésitez pas à nous contacter. Nous nous ferons un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Cordialement,
L’équipe de Meylan Finance
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La finance engagée : révolution ou simple effet de mode ?
Entretien de François Meylan pour Romandie Info

Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste la « finance engagée » et pourquoi elle est devenue un sujet d’importance ces dernières années ?
Il s’agit d’une finance militante pour laquelle on considère que chaque franc doit être utilisé à bon escient. L’économie n’étant que de l’énergie transformée, l’argent est également de l’énergie. Et son investissement doit être en concordance avec notre verticalité, avec nos valeurs propres. La « finance engagée » comme nous entendons l’encourager chez Meylan Finance n’est pas à confonde avec la « mode » des Critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Ces critères sont trop souvent abusés et employés en tant que label soit à des fins marketing soit pour se donner bonne conscience.
Quelles sont les principales catégories de la finance engagée, notamment la finance responsable, la finance durable et la finance à impact, et comment les distinguez-vous les unes des autres ?
Il n’existe pas de principales catégories de la finance engagée. On est engagé ou on ne l’est pas. Les termes de finance responsable, de finance durable et de finance à impact sont fréquemment employés pour des raisons marketing ou encore pour des effets d’annonce. La finance engagée est une posture quotidienne qui invite à une profonde réflexion et à une remise en question régulière. Elle ne consiste pas à suivre les modes.
Comment les entreprises et les investisseurs peuvent-ils contribuer à rendre leurs investissements plus respectueux de l’environnement et des enjeux sociaux grâce à la finance engagée ?
L’action ne suffit pas. Il faut encore la communiquer. L’entreprise comme l’investisseur peuvent être des faiseurs d’opinions essentiels. Tous deux sont plus en phase avec l’économie dite « réelle » que l’échelon politique.
Pouvez-vous nous expliquer les critères ESG (Environnementaux, Sociaux, de Gouvernance) et comment ils sont utilisés pour évaluer les entreprises dans le cadre de la finance durable ?
Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont des dimensions (grandes catégories) englobant les activités d’une entreprise pouvant avoir des impacts sur la société ou l’environnement. De caractère moral, ils constituent les trois dimensions principales utilisées pour mesurer la durabilité (soutenabilité) et l’impact éthique d’un investissement dans une société ou dans un domaine économique. « ESG » est un sigle international utilisé par la communauté financière pour désigner les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance qui constituent généralement les trois piliers de l’analyse extra-financière.
Ces dimensions et les différents critères associés à chacune d’entre elles aident à déterminer la contribution sociétale d’une entreprise sur chacun de ces aspects, et devraient permettre – je dis « devraient » parce que dans les faits cela ne se confirme pas systématiquement – d’élargir et d’enrichir l’analyse des futures performances financières des entreprises (rentabilité et risques).
Pour exemples, il n’y a pas plus mauvais investissement que celui dans les sociétés actives dans le photovoltaïque dans leur globalité, depuis une bonne dizaine d’années. Soit en raison du dumping opéré par le gouvernement chinois en la matière ou encore en raison d’une gestion et d’une communication déficientes comme c’est le cas chez Meyer Burger. Dans le même temps, vous avez des entreprises activent dans l’armement ou dans les jeux comme la Française des Jeux (FDJ) qui se révèlent être des placements fructueux.
Quels sont les avantages et les limites de la finance responsable, en particulier en ce qui concerne son efficacité dans la lutte contre le changement climatique et les inégalités ?
Au risque de passer pour un « climato-sceptique » – selon la définition politique qui est : personne qui n’est pas convaincue qu’il y ait un réchauffement climatique, ou que celui-ci soit dû aux activités humaines, je crains que nous fassions de la soit-disante urgence climatique une nouvelle religion qui va nous conduire à autant d’excès et d’abus en tous genres. Les dogmes ne sont jamais bons. En 2022, les émissions mondiales de CO2 dans l’atmosphère ont atteint les 40.6 milliards de tonnes. La Chine à elle seule en a déversé les 32.9%; les États-Unis 12.6 % et l’Inde 7 %. Quant à la Suisse … 45.2 millions de tonnes de CO2 ! Source : www.bafu.admin.ch. Soit environ un peu plus d’un millième ou si vous préférez environ 0.12% du total mondial des émissions. Pourtant, l’ensemble des partis politiques gouvernementaux n’avaient que ce mot à la bouche « urgence climatique » lors des dernières élections fédérales, en Suisse, sans même savoir en quoi cela consiste précisément. Et je n’ai vu personne militer contre la vente à distance et c’est pourtant le transport international de marchandises qui est l’activité humaine la plus polluante. Là, une fois de plus, la « finance engagée » comme l’entend Meylan Finance invite à la nuance et au discernement entre les activités dommageables pour l’humanité et pour la biodiversité telles que l’accumulation de la mer de plastique dans l’océan pacifique ou encore le gaspillage effroyable d’alimentation et les thématiques qui relèvent plus de la récupération politique et du business marketing. Quant aux inégalités, s’installer durant dix ans dans le canton de Vaud des multinationales telles que Monsanto, Yahoo!, Chiquita ou l’exploitant de minerai brésilien Vale sans le paiement d’un seul centime d’impôt va à l’encontre du concept de finance engagée. Entre ne rien payer de payer 22% comme l’artisan du coin il y a un spectre qui se doit d’être explorer.
En quoi la finance à impact se différencie-t-elle des autres formes de finance engagée, et pouvez-vous nous donner des exemples d’investissements à impact positif ?
Selon « Finance for Tomorrow » à Paris, « il s’agit d’une stratégie d’investissement ou de financement qui vise à accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle, en apportant une preuve de ses effets bénéfiques. » Dans les faits, il est question d’un slogan de plus ! De gens qui ont flairé le filon de « la mode de la bonne conscience » et de la thématique lourde qu’est « l’urgence climatique » pour exister et tenter de gagner de l’argent eux aussi dans cet environnement qui devient quasi religieux.
Comment la réglementation et les normes internationales influencent-elles la finance engagée, et quelles sont les implications pour les entreprises et les investisseurs ?
Les principales réglementations et normes internationales tendent vers une meilleure protection du « client-investisseur. » En appuyant sur l’évaluation des risques et sur la transparence en matière de coûts. En Suisse, l’introduction des nouvelles lois financières LSFIN et LEFIN, le 1er janvier 2020, visent ses buts. Toutefois, le « hold-up » sur la seconde banque du pays le Credit Suisse n’a pas été évité. Ce qui laisse légitimement songeur. Toutefois, les lois évoquées plus haut encouragent des prestations de service en matière de placement d’une qualité indéniablement supérieure.
Pouvez-vous nous présenter l’approche de votre entreprise, Meylan Finance, en matière de finance engagée et comment vous aidez vos clients à naviguer dans ce domaine complexe ?
Le patrimoine de nos clients a une histoire. Il nous incombe de l’accompagner vers un futur qui réponde aux valeurs cardinales et aux sensibilités de leurs propriétaires.
Quelles sont les principales questions que les entreprises devraient se poser pour intégrer avec succès la finance engagée dans leur stratégie d’investissement ?
Premièrement, quelles sont nos valeurs ? Quel est notre ADN ? Ensuite, ces mêmes valeurs sont-elles partagées avec et par nos collaborateurs; nos partenaires; par nos clients ?
Finalement, dispose-t-on d’un concept de « veille » et d’un concept « communication » pour faire de ces valeurs – nos valeurs – un état d’esprit. Une posture et une philosophie solidement adoptée. Et non un misérable effet marketing.
Rappelons, qu’ils sont nombreux les acteurs de la place qui veulent chiper un tranche du gâteau géant appelé « durabilité. »
Il y a néanmoins quelques initiatives qui ne nous semblent pas dénuées d’intérêt et que nous examinons. Telle que celle du « Swiss Stewardship Code » qui fait la promotion de « l’investor stewardship » c’est-à-dire le dialogue actif avec les entreprises et l’exercice des droits de vote des actionnaires.
Comment l’Union européenne et d’autres acteurs mondiaux s’efforcent-ils de promouvoir une croissance durable et de renforcer les objectifs de l’accord de Paris sur le climat grâce à la finance engagée ?
L’Union européenne (UE) ne cesse de légiférer dans le vide. C’est-à-dire sans toucher sa cible. Pire, au fil des crises, elle devient détestable. Suite à l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en 2009, le Parlement européen a compté jusqu’à 751 députés (750 plus le président du Parlement qui n’a pas le droit de vote). Depuis le départ du Royaume-Uni le 1er février 2020, le nombre de députés est passé de 751 à 705. On ne s’attardera pas sur le coût que font peser sur la collectivité ces députés; leurs assistants; leurs maintiens économiques; le déménagement quatre fois par année de l’entier de leurs bureaux entre Bruxelles et Strasbourg mais plus tôt sur le fait que ces députés n’ont aucun pouvoir de décision ni d’édicter des textes législatifs. Ce sont les technocrates de la Commission européenne qui ne sont pas élus par le peuple qui dictent tant l’agenda que les priorités. Le tout se fait sous l’influence des lobbyistes. Que faut-il attendre d’une Commission européenne qui entraîne le vieux continent en guerre contre la Fédération de Russie au lieu de travailler en faveur de la paix ? Que peut-on attendre de cette même institution qui a lié la santé de la population européenne à l’inoculation de produits pharmaceutiques expérimentaux dans la constellation de la crise Covid-19 ?
Comment les particuliers peuvent-ils contribuer à la finance engagée et avoir un impact positif avec leurs investissements personnels ?
En observant et en appréhendant le monde par le spectre de leur propre système de valeurs. Souhaite-t-on participer à l’essor des entreprises pharmaceutiques qui font leur argent avec l’encouragement du changement de sexe ? Souhaite-t-on être investis dans des multinationales qui précarise les conditions du travail et de la dignité humaine comme Amazon ? Souhaite-t-on placer son épargne dans des firmes qui font de juteux bénéfices avec nos données personnelles et en encourageant le narcissisme et le voyeurisme comme le fait Meta (Facebook) ? Etc et etc
La « finance engagée » ce n’est ni du marketing ni être à la mode ou encore vouloir paraître. C’est prendre position dans le monde qui nous entoure avec l’effet de levier de nos investissements et en le faisant savoir. Sans prétention, c’est souhaiter une humanité « moins imparfaite. »
Pouvez-vous nous expliquer comment votre entreprise, Meylan Finance, encourage la finance engagée grâce à des produits financiers spécifiques ?
Meylan Finance organise une veille stratégique sur les thématiques stratégiques telles que les technologies environnementales mais également sur les domaines liés à la sécurité dans sa globalité et à l’intelligence artificielle (IA). Nous animons l’échange avec nos clients et le retour sur expérience. Notre publication mensuelle « Positionnement » est également un vecteur d’informations et un lien entre régulier entre nous et nos clients et nos prospects. Notre postulat est que la finance ne doit pas seulement engagée mais également instructive. Avec un cycle boursier fait de crises boursières successives et de grandes amplitudes qui nous a tous mis à rude épreuve entre 2018 et 2023 soit presque 6 ans avec seulement deux années pour reprendre notre souffle soit 2019 et 2021, notre méthode a plutôt bien résisté.
Quelles sont les tendances actuelles et les opportunités émergentes dans le domaine de la finance engagée, et comment les entreprises peuvent-elles rester à la pointe de ces développements ?
Les tendances et les opportunités sont indéniablement dans les technologies et les solutions qui changeront demain la vie de tous les jours. On pense au photovoltaïque; à l’intelligence artificielle; aux services et à l’accompagnement des gens du troisième et du quatrième âge que nous deviendrions tous et aussi à la sécurité. L’endettement des collectivités encourageant à sous-traiter une partie substantielle de celle-ci. Pour autant, toutes les évolutions ne seront pas bonnes à adopter. Et sur ce point, la finance engagée rencontre toute sa légitimité.
Comment voyez-vous l’avenir de la finance engagée et son rôle potentiel dans la transformation des marchés financiers et de l’économie mondiale ?
« La finance engagée », domaine pour lequel Meylan Finance entend s’affirmer nous invite à découvrir ou à redécouvrir un vrai libéralisme avec en plus d’une responsabilité sociale une réelle prise de conscience. Par exemple, accepter l’obsolescence programmée chez Apple et se résigner à acheter son iPhone chaque fois plus cher et pour chaque fois moins de prestations ce n’est plus du libéralisme. C’est une situation de monopole. Avec des comportements que l’on peut appréhender comme malhonnêtes. Aussi, on se doit d’ouvrir le débat quand un investisseur-citoyen compte acquérir des actions de la firme à la pomme. Profitons pour renvoyer à l’association « Halte à l’obsolescence programmée (HOP) qui avait déjà fait condamner le géant de la tech pour défaut d’information dans l’affaire dite des batteries. Récemment, cette même association a déposé une plainte contre Apple qui selon elle limite les possibilités de répartition de ses appareils. Pour privilégier l’achat de produits neufs. Voir TF1 Info avec AFP le 7 décembre 2022.
En conclusion, quel conseil donneriez-vous aux entreprises et aux investisseurs qui souhaitent s’engager davantage dans la finance responsable et durable ?
La « finance engagée » c’est autre chose qu’un label ou que du marketing. C’est être acteur de ses investissements. Les conseils sont appréhender les enjeux dans leur globalité; en saisir les grandes lignes. Établir ses propres critères selon sa verticalité. D’après son système de valeurs. Vous voyez il ne fait aucun sens de bannir l’industrie de l’armement parce que chaque État a le droit de se défendre. Par contre, dénoncer et ce tenir à l’écart des entreprises qui ont de mauvais comportements tels que celui de la corruption a du sens. De même, il est déconseillé d’investir dans des actions du monde du football au travers des clubs cotés à la bourse tels que Borussia Dortmund; la Juventus; Manchester United ou encore l’Olympique lyonnais. D’une part, ce sont de très mauvais placements boursiers. D’autre part, l’inflation des rémunérations de leurs stars est en plus d’être intenable est indécente. C’est cela « la finance engagée ». C’est une responsabilité sociale et éducative.
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