Si en Suisse nous ne connaissons pas d’acteur majeur qui soit coté à la bourse, en Angleterre (Dignity), en Espagne (Funespana), en Australie (InvoCare) ou encore en Chine (Fu Shou Yuan International) des sociétés de pompes funèbres sont listées.
Une fois de plus, c’est aux États-Unis que le marché est le plus rentable. Si on ose parler ainsi. Le cours boursier de l’entreprise Carriage Services s’est apprécié de 100%, au cours de la dernière décennie. Les accidents boursiers de 2013, de 2015, de 2018, ou encore le krach pandémique n’ont pas altéré l’action. La palme revient, à n’en pas douter, à Service Corporation International (SCI — ISIN: US8175651046), qui a vu son cours s’apprécier, sur la même période, de plus de 400%, le cours de l’action passant de 10 dollars à 53 dollars! De quoi rivaliser avec les GAFAM (Google – Apple – Facebook – Amazon – Microsoft), avec l’intelligence artificielle ou tout autre domaine à forte croissance. Par ailleurs, l’histoire boursière est parsemée d’une grande quantité d’anges déchus tant dans les domaines liés à la haute technologie qu’aux modes. En effet, rien ne nous assure que Facebook sera encore leader demain, ni qu’une nouvelle technologie ne viendra pas détrôner Apple. Pour ça, il suffit de constater le nombre d’entreprises ‘high tech’ qui ont disparu depuis 1990. A contrario, l’intemporalité de la clientèle des décédés tranche avec l’éphémère des modes de consommation. Cela fait dire à François Normandin, chargé de cours, formateur et professionnel de recherche à HEC Montréal que les services funéraires sont une industrie vigoureuse.
Comme pour tout secteur commercial, cette industrie traverse des phases de concentration et doit continuellement évoluer.
Côté concentration, un des acteurs majeurs des rachats effectués ces dernières décennies tant aux États-Unis qu’en Europe – Suisse incluse – est Service Corporation International (SCI), qui a près de 20% du marché nord- américain. SCI a été fondée en 1962. Depuis son siège, à Houston au Texas, le géant emploie plus de 20’000 collaborateurs, pour un chiffre d’affaires de plus de 3,4 milliards de dollars et un résultat net de 456 millions de dollars.
Côté adaptation, les mœurs évoluent. Les familles endeuillées préfèrent de plus en plus la crémation comme méthode de disposition des défunts. Le service funéraire commun au sens catholique romain n’est plus la norme. Ce qui pourrait laisser penser à une érosion des revenus. Or, il n’en est rien. La cérémonie funéraire, à notre époque laïque et multiculturelle, s’est ouverte à la personnalisation. Et celle-ci a un prix. La journaliste Perianne Boring, dans son article «Death Of The Death Care Industry And Eternal Life Online» nous apprend qu’aux États-Unis une cérémonie qui pouvait coûter en moyenne 700 dollars en 1960 coûtera aujourd’hui entre 8000 et 10000 dollars, soit une augmentation de 1300%! Des urnes et cercueils biodégradables à la numérisation du souvenir du défunt, les exigences de la clientèle augmentent. Pour y faire face, les fusions et acquisitions sont de mise comme une grande souplesse. Le marché s’adapte. Il rencontre aussi ses défis et ses opportunités. De plus, il est caractérisé par une visibilité à court, à moyen et à long terme. Tout le monde ne peut pas en dire autant.