Pouvons-nous nous passer du gaz russe ? Cette question, dans la perspective d’une guerre qui se prolonge encore quelques mois, risque de diviser demain les alliés d’aujourd’hui.
Etat des lieux…
De la dizaine de candidats potentiels pour remplacer l’offre russe, le plus important est le Qatar. Il a annoncé qu’il ne pourra pas sauver l’Europe à lui seul : 90-95% de ses contrats le liant sur le long terme à des clients asiatiques. Les Etats-Unis ont promis d’augmenter d’ici la fin de l’année les exportations au profit de l’Europe. Mais les infrastructures de liquéfaction et de gazéification font défaut des deux côté de l’Atlantique.
Quant à la Norvège, deuxième fournisseur de gaz à l’Union européenne, elle produit déjà à plein régime, dixit son premier ministre Jonas Gahr Store. De son côté, l’Algérie qui est un producteur important ne pourra livrer de plus grandes quantités avant quatre à cinq ans. Elle estime nécessaire au préalable de développer de nouvelles réserves essentiellement constituées de gaz non conventionnel. De plus, l’Algérie est une amie de la Russie. Il y aurait la Turquie mais elle n’est pas considérée comme un partenaire fiable.
Direction la Méditerranée, il y a l’Egypte ; Chypre ; la Grèce et Israël. Le souci est que leurs gisements ne suffisent pas. Et pour la Grèce, Chypre et la Turquie, les prétentions portent sur l’une des zones les plus contestées de la planète. Il reste les deux « pestiférés » que sont l’Iran et le Venezuela…L’administration de Joe Biden vient de tenter un rapprochement, non sans lever des boucliers chez l’Oncle Sam. Finalement, la réponse semble être une réduction de la consommation d’énergie sur le vieux continent. Les pays producteurs de gaz ont-ils vraiment intérêt à augmenter leur production au risque de faire fléchir les prix d’une ressource à la fois stratégique et limitée. Sur le plan économique, les Etats-Unis ont intérêt à ce que les européens paient leur énergie plus cher. Actuellement, la facture mensuelle moyenne d’énergie d’une famille européenne est de 310 $ contre seulement 117 $ aux USA. C’est un avantage compétitif pour une usine de Détroit vis-à-vis de la même usine installée en Europe !
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