La COVID-19 s’est durablement installée parmi nous, le cas de la Suède…
« Souvent évoquée, la solution suédoise n’est pas la panacée.»
La résurgence du Coronavirus nous enseigne que le virus ne nous a pas quittés, durant la période estivale. Il n’est pas même question de deuxième vague. On entend, chaque jour, tout et son contraire. Il nous apparaît plus sage de suivre les directives des autorités compétentes que de suivre les sirènes des anti-masques ou des adeptes des théories du complot en tout genre. La situation est nouvelle pour tout le monde. Il est normal que nos autorités sanitaires et politiques avancent à tatons. Sur le plan économique, la situation a changé. Puisqu’il n’est plus question d’un nouveau confinement général ni d’un semi- confinement (cas suisse). Les confinements sont, à présent, locaux et circonscrits. La responsabilité individuelle est engagée. La liste de la quarantaine obligatoire pour les Etats et les territoires adoptée par l’Office fédéral de la santé publique OFSP devient la norme. C’est le cas en Belgique et en Allemagne. Les mouvements transfrontaliers se réduisent drastiquement. Cette façon de faire si elle a l’avantage de cibler les personnes dites à risque ne manque pas d’avoir un impact négatif sur l’industrie du tourisme et du transport aérien. Domaines d’activités dont nous recommandons de rester à l’écart.

Qu’en est-il de la Suède ? Le pays des vikings qui n’a ni confiné ni prescrit le port du masque. La Suède a souffert de beaucoup plus de décès que ses voisins scandinaves. Et sur le plan économique elle ne s’en sort pas mieux. Elle est aussi entrée en récession. Plus inquiétant, les autorités sanitaires suédoises n’ont pas l’intention de se remettre en question. Comme l’a rapporté cette semaine la RTS, les directives suédoises sont de ne pas donner de respirateur aux patients âgés de 80 ans et plus et/ou sujets à des maladies telles que le diabète et l’hypertension.
Des défunts se sont vus refuser le respirateur déjà à partir de l’âge de 70 ans. D’où la réprobation d’une partie des Suédois qui affirment que de nombreux décès sont des morts politiques. C’est-à-dire du système. Un système qui aurait laissé mourir les gens les plus vulnérables et surtout qui « coûtent » le plus à la société. Nous sommes en plein débat sur la solidarité intergénérationnelle. Pourtant, les exemples qui démontrent comment les 3ème et 4ème âges ont soutenu l’économie sont légion. Ce fut le cas en Espagne où les enfants et les petits enfants ont été hébergés et nourris par les grands- parents, lors de la grande crise immobilière et financière de 2009-2012.
L’eau est une thématique incontournable
Depuis les années 1980, la consommation mondiale d’eau augmente d’environ 1% par an. Ce rythme devrait se poursuivre jusqu’en 2050. Ce qui représente une hausse de près de 30%. Rappelons que la quantité d’eau douce sur le globe n’est que de 3 % et que celle-ci est très mal répartie. Par ailleurs, le changement climatique ne fait qu’aggraver la situation.Les cycles hydrologiques sont perturbés. L’impact est négatif sur les précipitations et l’évaporation. Les sécheresses prolongées et la progression de la désertification auront des effets sur l’augmentation des flux migratoires. On parle déjà de « réfugiés climatiques. »

La sécurité alimentaire dépend de l’irrigation. La rareté de l’eau est une menace pour les moyens de subsistance. Dans le même temps, la croissance de la classe moyenne en Chine engendre plus de consommation de produits carnés et de surcroît un besoin d’eau accru.
Quant aux zones de désertification celles- ci se dessinent dans le sud de la Chine, en Australie, dans la partie sud des États- Unis, au Moyen-Orient et dans les régions méditerranéennes.
L’efficience de la gestion de l’eau est à chercher au niveau de la distribution aux collectivités et au niveau de l’optimisation individuelle. Dans cette constellation, des entreprises comme Suez et Geberit ont notre préférence. La première offre un dividende confortable et une large diversification de ses activités tant sur le plan sectoriel que géographique. Quant au fleuron helvétique Geberit sa renommée de leader est solidement ancrée. Pour autant, son cours boursier actuel n’offre plus une marge de sécurité suffisante.
Warren Buffett, âgé de 90 ans, demeure une référence à suivre !
Les médias ont affirmé, à tort, que Warren Buffett avait acheté de l’or. Le célèbre investisseur a toujours pesté contre le métal jaune qui pour lui ne rapporte rien. Il a investi un peu plus de 500 millions de dollars dans la société aurifaire canadienne Barrick Gold.

Ce n’est pas la même chose que d’acquérir directement le métal précieux. Son placement qui représente moins de 0,3% de son portefeuille est en actions. Pour autant, les signaux qu’il émet sont à observer avec intérêt. Il a soldé, au pire du krach passé et avec grands fracas – encaissant même une perte nette de plus de 50 milliards de dollars, toutes ses actions dans les compagnies aériennes.
Il a récemment réduit pour 12 milliards de dollars son exposition aux banques. Il a soldé sa position dans Goldman Sachs. Il a seulement augmenté sa participation dans Bank of America. Surtout, nous constatons que les liquidités de sa société d’investissements Berkshire Hathaway ont progressé, sur six mois, de 125 à 142 milliards de dollars. Buffett est attentiste !
Les infrastructures et la téléphonie en particulier ont notre préférence
Avec la participation de Tobias Keienburg de la Banque cantonale de Lucerne
Les réseaux des entreprises de télécommunications sont actuellement particulièrement utilisés en raison de la situation sanitaire. Avec un soutien important des gouvernements pour la mise en œuvre de leçons en ligne et d’autres initiatives de numérisation, le secteur assume davantage de responsabilités dans l’expansion réussie des capacités à large bande. (…) Les restrictions de sortie et autres mesures de distanciation sociale, que presque tous les pays européens ont introduites en réponse à la crise, ont également servi d’accélérateur à la numérisation.

Les entreprises investissent de plus en plus dans l’infrastructure nécessaire afin de permettre à leurs employés de travailler à domicile. Dans le même temps, les préférences des consommateurs évoluent. Dans les enquêtes actuelles, une majorité des personnes interrogées déclarent qu’elles sont satisfaites du bureau à domicile et qu’elles souhaitent travailler à domicile au moins un jour par semaine, même après la crise de la COVID-19.
Le rôle d’Internet en tant qu’infrastructure critique devient actuellement plus évident que jamais. (…) Malgré la crise du coronavirus, Deutsche Telekom a gagné plus d’argent. Le résultat net du premier trimestre a augmenté de près de 2% à 916 millions d’euros par rapport à l’année précédente. Le groupe a augmenté son chiffre d’affaires de 2,3% à 19,9 milliards d’euros.
Les revenus de roaming ont diminué en raison de la forte baisse des voyages. Cependant, il existe d’autres domaines qui sont en plein essor et qui peuvent compenser les segments en proie à la crise. La demande de services de téléphonie fixe a fortement progressé pendant la crise. Environ 76% d’appels en plus ont été passés et 18% de données supplémentaires ont été utilisées sur le réseau fixe. Cela a conduit à environ un tiers de revenus supplémentaires provenant des connexions de lignes fixes. Près d’un tiers d’appels supplémentaires ont également été effectués dans les communications mobiles de Telekom. (…)
Les résultats du deuxième trimestre d’Orange sont en ligne avec les attentes des analystes. Si la baisse des revenus des frais de roaming a entraîné une baisse de 0,4% des ventes, Orange a pu générer 3% de chiffre d’affaires en plus en France, grâce notamment à une forte activité dans le commerce institutionnel (+ 12%). Orange est également fortement impliquée dans les domaines de la cybersécurité, d'”Internet of Things” et des services cloud, dont la société s’attend à avoir un fort potentiel de croissance.
Le groupe est également en avance sur ses concurrents dans la mise en œuvre des dernières tendances de communication européennes. (…)
Pour permettre une transformation numérique plus rapide en Europe, les régulateurs européens changeront leur vision de la consolidation du marché des télécommunications en autorisant davantage de fusions et d’acquisitions dans le secteur. En tant qu’acteur majeur, Orange pourrait en profiter.
L’importante croissance organique des revenus des services de Vodafone a baissé de 1.3% au premier trimestre à cause de la pandémie, mais moins que prévu. En Europe, les ventes ont diminué de 2,6% sur une base organique, 2,2% de moins qu’au trimestre précédent. Les plus gros impacts venaient d’Espagne et d’Italie. Le Vodacom sud-africain et la région «Autres marchés» ont bien résisté, avec une croissance de respectivement 1,5% et 9,1%.
Les perspectives restent inchangées avec un EBITDA stable mesuré sur une base ajustée de EUR 14,5 milliards et un free cash-flow (avant investissements en radiofréquences mobiles) d’au moins EUR 5,0 milliards. Dans le contexte des bonnes performances d’autres actions dans le domaine des infrastructures mobiles, cela devrait être accueilli positivement.
Le business numérique un modèle d’affaire qui montre ses limites
Comment est-ce possible qu’après seulement deux mois d’immobilisation autant d’entreprises soient en difficultés ? La question est récurrente.

On réalise qu’elles sont nombreuses à opérer à flux tendus, avec peu de réserve. Que les marges dans une multitude de secteurs sont trop basses pour subsister sans des taux de fréquentation et de remplissage maximaux. Cette pandémie nous révèle aussi la faiblesse du service après-vente du business numérique. Réserver en ligne s’avère bien pratique. Toutefois quand un problème surgit, on réalise, le plus souvent, que le système n’est pas fait pour réparer ni pour corriger. C’est la croix et la bannière pour atteindre un interlocuteur qui ait une apparence humaine.
Que celui-ci soit dans un call center au Maroc ou ailleurs. Des efforts parfois herculéens sont nécessaires pour se faire entendre. On comprend alors que le service initialement vendu en ligne était trop cher…
Notre stratégie
Nous gardons un biais attentiste et préférons les liquidités tant que l’ajustement des marchés boursiers sur l’économie réelle n’aura pas été consolidé.
Au cas par cas, nous saisirons les opportunités en privilégiant un horizon à long terme et l’observation d’une marge de sécurité à la baisse substantielle.

Plus que jamais, la prise en compte des tendances durables du monde de demain est primordiale. Les comportements consuméristes sont grégaires. Pour l’heure, il est indéniable que l’absence d’alternative à l’investissement boursier produit des bulles spéculatives. Le marché est actuellement, dans son ensemble, guidé par l’afflux sans précédent de liquidités venant des banques centrales. Les réelles perspectives bénéficiaires des entreprises à l’ère de la COVID-19 ne paraissent pas être le souci premier des opérateurs.
La forte contraction des dividendes et l’absence de prévisions bénéficiaires en 2020 et en 2021 pour un grand nombre de sociétés renforcent, à nouveau, l’attrait pour des véhicules de placement structurés limités dans le temps bénéficiant d’un coupon élevé – que l’on obtient en cas de résurgence de la volatilité – et conjugués avec une marge confortable en cas de baisse.
Quant à l’insolente santé des valeurs technologiques qui sont les grandes gagnantes de la crise, ces dernières semaines ont servi de piqûre de rappel quant aux risques encourus.
Les dirigeants des quatre géants technologiques Facebook, Amazon, Apple et Google sont accusés d’abus de position dominante par les parlementaires américains. Pour autant, elles restent très confortables, sans endettement et avec des réserves de liquidités colossales. Le danger viendra plutôt des évolutions technologiques et des modes de consommation. La forte réduction des budgets publicitaires est aussi un risque pour des sociétés comme Facebook et Zoom.
Nous suivons de près, depuis mars dernier, les analyses de l’économiste indépendante Véronique Riches-Flores : « A l’exception des valeurs technologiques, les marchés d’actions n’ont pas fait grand-chose durant la période estivale. La rentrée s’ouvre par ailleurs sous le signe d’une incertitude sans égale. Entre traumas économique, sanitaire et climatique et banques centrales de plus en plus convaincues de l’insuffisance de leur action, les plafonds de verre qui sont un frein à la hausse semblent de jour en jour plus épais. »
François Meylan
Lettre d’information de Meylan Finance – Septembre 2020