Positionnement JUIN 2020 Lettre d’information de Meylan Finance
Ce n’est plus le moment de vendre ses devises étrangères contre le franc suisse.
Le 6 septembre 2011, la Banque nationale Suisse (BNS) introduisait le taux plancher de 1.20 francs pour un euro. Plancher qu’elle a du abandonner en janvier 2015. Aujourd’hui, elle vient de se battre sur le marché durant deux mois pour maintenir le change aux alentours de 1.05. Et elle a communiqué sur sa mission difficile.

L’effet d’annonce jouant pour 50% des résultats que l’on cherche à obtenir, il faut se préparer à deux mesures :
- Qu’elle officialise ce nouveau taux plancher entre 1.05 – 1.06
- et/ou qu’elle augmente l’intérêt négatif qui est actuellement à (– 0.75%)
De plus, l’institut monétaire nous prévient que le rythme de la reprise économique en Suisse ne sera pas aussi rapide que prévu : « On ne peut pas simplement appuyer sur un bouton et tout redevient comme avant », a dit Fritz Zurbrügg, vice- président de la BNS au journal dominical Schweiz am Wochenende.
Source : AWP, Zurich, 29 mai 2020.
L’année boursière 2011 comme modèle ?
Certainement que l’année 2011 reste un cas d’étude. L’accident nucléaire de Fukushima Daiichi, vendredi 13 mars 2011 était l’accident exogène – tremblement de terre suivi d’un tsunami – qui allait frapper durement un système de la dette souveraine déjà fragile. Mais le vrai krach boursier n’est survenu qu’après. Soit en juillet et août de la même année.

La dette de l’Espagne était placée sous étroite surveillance. Les dettes souveraines des Etats-Unis comme du Japon perdaient, tour à tour le grall… la notation triple AAA. Excellente note qu’elles n’ont plus retrouvées depuis. La situation politique en Grèce inquiétait à plus d’un titre. Bref, l’événement naturel du printemps a comme exacerbé tout ce qui n’allait pas et que l’on voulait mettre sous le tapis, Certes, le contexte actuel n’est plus pareil.
Toutefois, gardons à l’esprit qu’un krach boursier en cache souvent un autre. Nous sommes suspendus aux offensives de Trump contre la Chine.
La publication future des résultats des entreprises ainsi que la contraction des dividendes sont assez d’éléments pour nous faire réaliser que nous ne sommes décidément plus en janvier 2019. L’endettement du système a atteint des niveaux stratosphériques.
Néanmoins, nous demeurons optimistes à l’horizon du second semestre 2021.
Les indices boursiers américains se reprennent plus vite qu’en Europe
Comme c’est souvent le cas, les indices boursiers américains font mieux que ceux du vieux continent. L’indice vedette Standard & Poor’s 500 a récupéré 70% de ses pertes subie lors du krach février- mars. En plus de retrouver les agrégats de janvier soit des intérêts très bas et un équilibre du système porté à bouts de bras par la volonté de l’Administration Trump qui vise une réélection en novembre prochain, il est vrai que la réponse des autorités monétaires US fut massive et beaucoup plus rapide qu’en Europe. La Réserve fédérale des Etats- Unis communément appelée la Fed et le Congrès ont su couper court à la spirale récessionniste.

C’est le cas de le dire. En deux semaines, la Fed a fait ce qu’elle avait mis huit mois à faire en 2009 pour sortir de la crise financière et immobilière des subprimes. Il y a aussi d’autres explications à cette anticipation du retour à la normale plus vite que prévu. La forte mobilité de la main d’oeuvre US en est une. La très forte pondération des valeurs liées aux technologies de l’information, les GAFAM & Cie mais pas seulement – l’Europe est très pauvre dans le domaine et l’indice suisse SMI ne doit son salut qu’à la robustesse de Nestlé et de Roche – en est une autre. L’action spectaculaire de l’« helicopter money » n’est probablement pas étrangère à cette vigueur.
Dans le cadre du soutien à l’économie, Donald Trump, a décidé de distribuer quelques 2000 milliards de dollars à 145 millions d’Américains. Le problème est que tout le monde n’en avait pas besoin. On peut estimer qu’ils sont nombreux les ménages plutôt confortables pour qui cet argent « tombé du ciel » est allé directement se loger sur les marchés boursiers. La question est alors de savoir si l’économie ira mieux parce que la « planète finance » se porte bien. Ou n’est-ce pas plutôt le contraire qui devrait être observé en bonne orthodoxie financière ? Pour l’heure, le bilan de la Fed se situe à plus de 6500 milliards de dollars, en hausse de 75% depuis son creux d’août 2019… du jamais vu ! Pour leur part, les agences de notation maintiennent un scénario de récession.
Même Moody’s évoque un taux de défaut des entreprises entrant dans la catégorie des hauts rendements à 13,3 % d’ici le premier trimestre 2021. Le ton a été donné par le loueur de voiture centenaire Hertz qui s’est placé sous le régime des faillites, pour ses activités tant aux Etats- Unis qu’au Canada. Ses concurrents Europcar et Avis ne vont guère mieux. Alors que les plans massifs de licenciements se succèdent que le patron de Boeing s’attend à la faillite d’une grande compagnie aérienne d’ici la fin de l’année, qui a raison ? Les marchés boursiers ou l’état de l’économie réelle ? Quand l’écart se creuse entre les deux, cela s’appelle de l’irrationalité. Celle-ci étant toujours produite par la bourse.
La prudence demeure, à notre avis, le maître mot pour appréhender l’été.
Nous sommes dans un processus de reconstruction qui devrait porter ses fruits dans un horizon de trois à cinq ans. Pour cela, il s’agit d’allouer ses ressources, sans les dilapider, sur les gagnants de demain et seulement dans des phases baissières.
Citons Warren Buffett qui vient d’encaisser une perte de 50 milliards de dollars en vendant à perte une dizaine d’entreprises pour mieux repartir sur un marché futur plus bas et plus solide :
« Il n’est pas question d’être meilleur mais plus discipliné. »
Notre positionnement !

1) Pour l’heure, les liquidités sont à privilégier ;
2) Se tenir, tant que faire se peut, à l’écart du marché obligataire;
3) Les actions resteront le meilleur actif, à un horizon de 3 à 5 ans ;
4) Le marché immobilier est orienté à la baisse.
François Meylan
- Publié dans Actualité